vendredi 21 octobre 2011

Compte rendu de la conférence

Comme vous le savez, la conférence de Jeudi portait sur les inspirations de Tim Burton et en particulier l'expressionnisme, dans lequel il puise des thématiques, mais également des références visuelles et plastiques.

A propos de l'expressionisme : Le courant vise à adopter une vision du monde tortueuse et torturée, et des formes plastiques axées sur la déformation, l'exagération, la distorsion, avec une volonté de s'éloigner du réel ou de le styliser. En somme, décrire le monde à travers un regard fou, halluciné.
       L'expressionisme travaille énormément la forme, recherche le contrôle absolu du réel. L'animation y est très peu présente (voir la très courte scène du rêve dans les Nibelungen de Fritz Lang), mais pourrait tendre vers un absolu de ce désir de maîtrise.
       Les décors expressionnistes nient la perspective, et évitent la courbe, sereine, harmonieuse, lui préférant les formes anguleuses et les lignes brisées. Ils assument totalement leur irréalisme et leur artificialité.

L'expressionnisme est issue de la peinture et est déjà un vogue au moment où il atteint le théâtre puis le cinema par le biais des décorateurs (les "architectes de films"). Il reprend un imaginaire appartenant au conte et au romantisme allemand qu'il mêle au gothique anglo-saxon (dont l'essence est une fascination pour la mort).

   Cette association étrange sera reprise par Tim Burton, qui y mêlera à son tour d'autres esthétiques, celles des films de série B des années trente, eux même inspirés par l'expressionnisme.

Les décors de ville sont très présents, notamment les petites bourgades chères au gothique. Les espaces intérieurs sont proches de la cave et de la tanière, étroits et obscurs. Le point de fuite est toujours dérobé. Les espaces agissent sur les personnages qui les traversent, les courbent. La figure de l'escalier, entre autres, est récurrente : c'est un lieu de transition, entre le haut et le bas. Graphiquement, il tranche l'image.
     L'expressionnisme a hérité du romantisme allemand un travail très important sur la Nature, qu'il va reprendre et transformer : La Nature expressionniste est toujours inquiétante, peuplées de créatures surnaturelles (voir les gravures de Hugo Steiner-Prag).

Tous ces éléments sont repris par Burton, tout autant macabres, mais rendu à la fois beaucoup plus gore et en même temps ludiques et joyeux. Ses décors , à force de transformation, aboutissent à l'absurde, se courbent et s'adoucissent.
   La clé de son univers réside en cette association d'un univers enfantin et ludique à celui du gore et de l'horreur.

Les corps, chez les expressionnistes comme chez Burton, se muent en silhouettes très dessinées, très stylisées. Les vêtements eux-mêmes transforment leurs porteurs en figures abstraites. Les ombres et les corps se confondent et se fondent dans le décor.
      " Ce n'est pas le décor qui détermine le geste, c'est le geste qui détermine le décor. " Chez les expressionnistes, cet accord entre corps et décor est statique. Chez Burton, il est ludique et dynamique.

La peinture expressionniste s'est souvent inspirée des expérimentations scientifiques de son époque, des monstres, des "gueules cassées", d'où une fascination pour la monstruosité physique.
 Burton s'y rattache, mais la dépouille de son aspect tragique. Ses personnages sont joyeusement monstrueux, à l'image de Sally qui se démantibule et se recoud immédiatement, comme une poupée.

Pour résumer :

références de Burton :
 Expressionnisme ; Série B; Odilon Redon (difformité, enfance, utilisation des yeux comme éléments indépendants) ; les Netsuke (statuettes japonaises représentant des squelettes hilares)

Un thème essentiel : la métamorphose, en particulier de la vie à la mort (tradition des vanités, des danses macabres)

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